Nos questions aux Commissaires européens

A l’occasion des auditions par le Parlement européen des Commissaires désignés pour constituer la future Commission européenne, les acteurs de la campagne « N’exportons pas nos problèmes » aimeraient connaître les intentions de l’exécutif européen quant au scandale de l’exportation de lait réengraissé à l’huile de palme et, de manière plus générale, au développement de filières agricoles locales durables.

En effet, le lait qui fait l’objet de cette campagne est un symbole des difficultés rencontrées par de nombreuses autres filières agricoles. A l’origine des déséquilibres et des dérives se trouve le cadre fixé par les politiques agricoles, commerciales et de développement de l’Union européenne :

    • la Politique Agricole Commune qui décide de l’abandon des quotas laitiers et aide de manière masquée les exportations à bas coût avec son système de subventions,
    • la politique commerciale qui, au travers de la négociation d’accords, met en présence des acteurs aux poids inégaux et entérine des tarifs douaniers désavantageux pour les moins forts,
    • la politique de développement qui ne soutient pas les projets de développement de la filière lait locale.

 

Autant d’enjeux qui se trouvent entre les mains des dirigeants européens. La mise en place d’une nouvelle Commission européenne est alors le moment de fixer de nouvelles orientations qui peuvent apporter des solutions à ces problèmes et contribuer à l’atteinte des Objectifs de Développement durable.

Voici nos quatre questions à destination des trois Commissaires désignés concernés par le sujet, Agriculture, Commerce et Partenariats. Elles sont à la fois spécifiques et à fort impact pour les agriculteurs et l’agriculture familiale.

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AGRICULTURE – Pour Monsieur le Commissaire désigné à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski :

« Alors que la PAC compte sur l’expansion des marchés d’exportation pour son développement, tout en s’appuyant sur un système de subventions qui aide, de manière cachée, l’exportation à bas coût de produits européens, Monsieur le Commissaire désigné à l’agriculture envisage-t-il :

  • d’intégrer la cohérence des politiques pour le développement durable dans la nouvelle PAC,
  • de développer des outils de monitoring de ses exportations des produits sensibles et critiques pour la sécurité alimentaire et le développement rural, tel que les produits laitiers et la poudre réengraissée, vers les pays en développement,
  • d’interdire toutes formes de dumping (exporter à un prix en-dessous des coûts de production) et d’aides de promotion aux exportations de produits laitiers et de mélanges réengraissés sur les marchés africains,
  • d’adopter des mesures de gestion de l’offre de la production laitière européenne en cas de crise pour éviter la surproduction structurelle et conjoncturelle pouvant avoir des effets néfastes pour les productrices et producteurs en Europe et en Afrique ?

 

COMMERCE – Pour Monsieur le Commissaire désigné au Commerce, Phil Hogan :

« Dans les futures relations commerciales entre les continents européen et africain, Monsieur le Commissaire désigné est-il favorable à la possibilité pour les Etats africains de prendre des mesures, telles que des restrictions quantitatives des importations européennes, une préférence donnée aux produits locaux dans les marchés publics ou encore droits et des taxes plus élevés et variables sur les produits agricoles, afin de sauvegarder l’agriculture familiale durable face aux risques générés par l’importation de produits agricoles européens à bas prix ? »

« Dans la mesure où les outils du commerce extérieur de l’Union européenne doivent soutenir un développement durable, Monsieur le Commissaire désigné est-il prêt à envisager des mesures tenant compte de l’impact pour le développement durable et le climat des exportations de produits agricoles européens ?

PARTENARIATS INTERNATIONAUX – Pour Madame la Commissaire désignée aux Partenariats internationaux, Jutta Urpilainen :

« Dans le cadre des négociations de l’Accord post-Cotonou et afin d’assurer la mise en œuvre de politiques cohérentes de l’Union européenne au service du développement, Madame la Commissaire désignée envisage-t-elle de mettre en place :

    • des mécanismes de coordination interne à l’Union européenne pour favoriser la réalisation des droits humains et des objectifs de développement durable de manière cohérente et inclusive,
    • un outil de signalement, de suivi et de plaintes accessibles à la société civile et aux pays tiers pour signaler l’impact de décisions européennes sur leur perspective de réalisation des droits humains et des objectifs de développement durable ?

 

Suivez les auditions en direct :

 

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